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de quatorze à vingt ans
sydney jusqu'à edimbourg

Informations supplémentaires :

De quatorze à dix-huit ans, Alexis a vécu dans un appartement à Sydney avec son père Brett et son frère Luke. Elle brillait à l'école, et recevait des bonnes notes. Elle a eu une certaine notoriété par ailleurs.

A partir de ses dix-huit ans, Alexis est allée étudier à Edimbourg. Elle étudiait les langues. Et était toujours aussi brillante.

Dernière année de lycée, dix-sept ans.
En glissant la clef dans la serrure de l'appartement, Alexis eut un soupir. Elle revenait du lycée. En entrant dans l'appartement qu'elle partageait surtout avec son frère, son père se trouvant souvent en déplacement, elle retira son sac son manteau et toutes ses affaires à l'entrée. 
"Luke ?" cria-t-elle, avant de diriger dans la cuisine. La vue des baies vitrées de la cuisine sur Sydney était vraiment impressionnante. À chaque fois qu'elle y passait, elle souriait. Bien que ça fasse plus d'un an que c'était un élément de son quotidien. Luke était donc le blondinet, de deux ans son cadet, qui aurait du être rentré depuis une bonne heure.
Une dizaine de minutes après qu'Alexis eut crié, Luke se pointa enfin. "Quoi ?" demanda-t-il dans un grognement. "Je voulais vérifier que t'étais là." La petite brune haussa les sourcils.
Plus tard dans la soirée, ils se retrouvèrent pour dîner. "Papa est toujours pas rentré, ça fait bientôt une semaine." murmura Luke. Luke était assez discret comme garçon, jamais Alexis ne l'avait entendu parler de ce qu'il ressentait. Cependant, lorsqu'on parlait de son père, les choses semblaient être un peu différentes. "T'inquiètes Luke, il doit être chez une nouvelle conquête," articula Alexis. Bien que ça lui coûte. En réalité, Alexis ne pensait pas qu'il était chez une nouvelle amante. Elle pensait qu'il était plutôt chez l'un de ses amis, l'un des joueurs de poker qu'elle avait vu dans le salon le mois dernier.
Car les déplacements de son père n'étaient pas professionnels. Il avait pris sa retraite, il y a de ça quelques années, et ne travaillait désormais plus. Cependant, il lui arrivait de gagner de l'argent. Alexis savait comment, et faisait son possible pour le cacher à Luke.

Peut-être fin juin, peut-être fin de journée, dix-huit ans.
Alexis fit claquer la porte du bureau derrière elle, et se retrouva dans le couloir du lycée. Un couloir qu'elle connaissait pourtant bien, mais qui, d'un coup, lui parut étranger. Il était désert. Toute l'école était déserte, les cours étaient déjà fini. Alexis avait déjà terminé le lycée. Son sac, jusqu'alors sur son épaule, lui sembla très lourd. Elle le laissa tomber à ses pieds. Et se rendit compte que c'étaient en fait ses épaules qui étaient lourdes. Elle se laissa tomber contre le mur. Elle posa ses coudes sur chacun de ses genoux. Et, la tête entre les mains, elle réfléchissait. Alexis avait à faire un choix. Est-ce que c'était la première fois qu'elle avait à faire un choix ? Non. Est-ce que c'était la première que ce choix impliquait autant de monde ? Très certainement. Elle était restée là encore quelques instants, puis s'était redressée. Avait attrapé ses affaires. Et quitté le lycée, pour la dernière fois.
Alexis fit claquer la porte de l'appartement derrière elle. Cette fois, elle était rentrée à la maison. La maison semble déserte. Comme le lycée, et Alexis eut un haut-le-cœur. Elle hésita à s'asseoir contre la porte qu'elle venait de refermer. Mais elle avait fait un choix. La petite brune parcourut alors l'appartement. Les parties communes de ce dernier étaient vides. Elle se dirigea donc jusque dans le couloir. Il n'y avait qu'un couloir, un seul vrai couloir, qui desservait toutes les chambres depuis le salon. La chambre de Luke, la chambre d'Alexis, la chambre de leur père. La chambre de Connor. Cette chambre-là, c'était celle du fond. Les néons aux plafonds étaient cassés devant la porte de cette chambre. Et à vrai dire personne n'a pensé à réparer. C'était un peu symbolique. Bien que Connor n'ait jamais posé un pied dans sa supposée chambre. La silhouette d'Alexis se profila donc dans le couloir. Elle n'ouvrit pas la porte de Luke, et elle prit le temps de respirer avant de frapper. Après un petit moment la porte s'ouvrit sur le garçon. Alexis ne saurait dire à cet instant si elle était soulagée de le voir. "Qu'est-ce qu'il y a Alexis ?" demanda Luke, l'air las. "Papa est à la maison ?" demanda la petite brune, dont les yeux se posaient tour à tour à sa droite et à sa gauche. "J'en sais rien Alex !" répondit le blondinet. Car Luke était blond. Il était blond et il était élancé. Il n'était pas immense, mais il dépassait Alexis d'une tête et demie. Malgré leurs deux années d'écart. Il avait cependant un visage rond et assez poupin. Au contraire d'Alexis. Luke arborait une mine agacée. Il faut dire qu'ils avaient un quotidien plein d'où est papa. La moindre évocation suffisait maintenant à lui faire lever les yeux au ciel. "D'accord. J'ai quelque chose à te dire." Puis elle avait refermé la porte.
Entre eux, le ton montait souvent, mais il descendait toujours. Cette fois-ci, ce ne fut pas différent. Alexis et Luke sortirent de la chambre de ce dernier. Ils traversèrent le couloir. Le couloir qu'Alexis n'avait même pas pris la même d'allumer en arrivant. "Tu ne peux pas faire ça..." murmura le garçon, qui marchait derrière Alexis. "Tu as encore des réclamations Luke ?" en se retournant brusquement. Il secoua la tête. La porte s'ouvrit timidement et tous les deux regardaient désormais la porte. "Si je peux le faire, regarde," chuchota Alexis à l'adresse de son frère. Son demi-frère en réalité. Mais il était sa seule famille. Elle accompagna ses paroles d'un geste de la tête, vers la porte où son père se profilait. La brune se planta devant ce dernier dans les instants suivant son arrivée. Tandis que Luke avait pris place sur le canapé. Alexis invita son père à le rejoindre. Puis elle se planta de nouveau face à lui. Face à eux. "J'ai choisi de partir," avait-elle dit. Et pas décidé, choisi. "J'ai choisi de partir. J'ai eu un entretien, oui cette après-midi papa, tu n'en savais rien, vraiment ? J'ai eu un entretien au lycée et on m'a offert une place dans une université d'Edimbourg. On ne me l'a pas offert au sens financier, papa, non. Mais je pense que tu as les moyens de me payer l'université à l'étranger. Je le pense et j'en suis même certaine, sachant que j'ai un œil sur tes comptes depuis que tu sembles ne plus t'en préoccuper. J'ai dix-huit ans et je choisis de partir." Les bras de Luke se croisèrent contre sa poitrine et il ferma les yeux. Alexis le sentait, elle le sentait retenir ses larmes. Pleurer devant papa, c'est quelque chose que ni l'un ni l'autre ne s'autorisait à faire. Son père ne réagit pas. "Je ne serais plus là pour t'épauler. Pour ramasser les pots cassés. Ce sera seulement toi, et Luke," rajouta Alexis. Chaque mot qui était sorti de sa bouche était tranchant. Mais l'homme face à elle ne réagissait toujours pas. Le manque de réaction de son père fut la raison pour laquelle Luke se leva. Il claqua même la porte de sa chambre en la rejoignant. Alexis s'assit alors, sur la petite table basse. Elle faisait toujours face à son père, qui avait toujours la même réaction. Pour ainsi dire aucune. "Je pars, papa. Je sais que tu sais. Tu sais que j'ai fait beaucoup. Tu le sais, et je le sais. D'accord, alors maintenant écoute moi," avait dit la brune dont le visage semblait se solidifier tant sa mâchoire était serrée, "J'ai toujours su alors que Luke ne savait pas. Je ne saurais te dire s'il a compris. Mais aujourd'hui, j'ai besoin que tu me comprennes. Je veux que tu te reprennes en main. C'est ce que j'aimerais d'accord. Que tu passes du temps à la maison. Avec Luke. Que tu ailles voir ta famille." Sous un regard toujours aussi inexpressif et un père muet, Alexis se força à continuer. "D'accord... Je sais que tu n'en es pas capable. Alors je veux que tu appelles la mère de Luke. S'il te plaît. Je ne te sauverais pas. Tu ne te sauveras pas. Alors je te demande seulement de sauver Luke d'accord ? D'accord." Alexis commença d'abord par se lever. Puis son père, se redressa. Alexis l'entendit au froissement du tissu du canapé. Elle ne se retourna pas. "Tu ne fais pas de retour en arrière, hein. C'est encore cette histoire de choix... Donc tu crois que je ne vois rien, et bien..." commença-t-il alors. "Tu ne vois rien," avait coupé Alexis. "Je n'ai rien d'autre à te dire. Je ne me retourne pas."

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